Résumé pour les pressés :
Vendredi 23 mai s’est tenu à Lyon la première édition des Wouap Doo Apps Jeunesse, les trophées des applications Enfant innovantes. Cette manifestation, organisée de concert par le Crak [ndlr une association présidée par Laure de la Souris Grise] Faits et Chiffres et Imaginove, vise à repérer l’innovation dans le marché des applications pour enfants.
La première édition a été extrêmement riche et dynamique. Compte-rendu d’une folle journée!
Rendez-vous à la Part Dieu
Les badges étaient prêts, les balles bien rangées dans leur sac, les stylos Crak posés sur les chaises du jury. 9h30 vendredi 23 mai à Lyon : le trio d’organisateurs des Wouap Doo Apps Jeunesse, Imaginove, Faits et Chiffres et le Crak, Cercle des éditeurs d’applications pour les Kids, attendent que les portes de la bibliothèque municipale de la Part Dieu s’ouvrent.
En rez de chaussée la salle de conférence est encore dans le calme. Mais ça ne va pas durer très longtemps.
Quelques minutes plus tard, la salle se remplit et le jury de professionnels s’installe. Face à la scène, au premier rang, ils s’assoient, tous munis de leurs feuilles de notation à six critères.
On peut voir : Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo; Jean-Michel Perron, directeur de la recherche et du développement sur les usages du numérique éducatif de Canopé, Benoît Epron, directeur de la recherche de l’ENSSIB, Antoine Fauchié, référent numérique de l’ARALD, Marie-Christine Crolard, directrice associée de NPA, spécialiste du développement des médias numériques, Olivier Attebi, producteur et directeur de Lyon Capital TV, Caroline Colliat associée Bajoo et Corinne Faisant, directrice du développement Duval & Associés.
Coups de coeur et lancers de balles
10h pile, ça démarre ! La salle bruisse de murmures, étonnée de se voir remettre des balles colorées en plastique. Une tablette, posée sur un chevalet en fond de scène, donne le tempo. Le chronomètre est lancé pour chaque présentation et sonne la cloche en cas de débord.
Car chaque candidat n’a que trois minutes, et pas plus, pour exposer son projet : le format appelle le dynamisme ! France Télévision ouvre le bal de la première catégorie à passer, les fictions, avec le magnifique Moi j’attends. Le ton est donné : la qualité va être au rendez-vous.
Dans la matinée, 33 porteurs de projets sont ainsi venus défendre leur appli, soit en projet, soit publiée depuis moins de 6 mois. Les pitcheurs s’étaient inscrits dans 4 catégories : les fictions, les jeux, les apps ludo-éducatives pour les moins de 8 ans et les apps ludo-éducatives pour les plus de 8 ans.
Malgré la densité du programme, salle et jury ont été tenu en haleine. Les auditeurs avaient le droit de se manifester, à la fin de chaque présentation en jetant sur la scène leur balle pour féliciter la qualité d’une présentation ou d’un projet. Hésitant au départ à donner de la balle, le public, a fini par y prendre goût, bombardant quelques porteurs de projets – et au passage quelques jurés 😉 – et visant tant bien que mal la grosse caisse verte claire qui étaient censée recueillir leurs coups de coeur.
Shows sur scène
Des projets portés par des équipes d’étudiants ont marqué la salle. Deux d’entre eux mêlent avec intelligence le réel et le virtuel. Dreamy s’adresse aux enfants hospitalisés, vise à provoquer rencontres et jeux entre les enfants d’un même service, grâce à une application de jeu calquée sur le plan de l’hôpital, avec l’aide de capteurs répartis dans les couloirs.
FairyTellMe porte un projet de dessins papiers augmentés que les enfant peuvent ensuite retrouver dans un univers virtuel. Un autre projet de fin d’études, Comme des lapins, a également fait le buz s’attaquant à un sujet délicat et très peu investi : l’éducation à la sexualité des ados et pré-ados.
Certains pitcheurs de projet ont fait eux même le show. L’équipe de Potatoyz, a offert au jury ses petites mascottes fabriquées en impression 3D et a lancé dans la salle ses peluches – bientôt commercialisées via l’application.
Teddy Guilbaud de FunkyBots, créateur de la musique et du son de Boomklakers, a fait sur scène une performance de Beatbox.
Et les candidats se sont amusés parfois à faire des allusions à d’autres projets. C’est ainsi que Georges Nivoix, de Canopé Besançon, qui présentait Mathador, a déclaré être Sacha, le personnage de l’application Kilubu de Kiupe, que Vanessa Kaplan avait décrit comme un rouquin à l’allure un peu nonchalante.
Focus sur le marché des apps Jeunesse
Après trois heures de pitchs, rires et réactions dans le public, dans le jury, sur la salle et sur la scène, la journée s’est poursuivie par un temps d’échanges lors du déjeuner et un temps de table ronde participative.
C’est ainsi que l’après-midi, j’ai eu le plaisir de modérer la table ronde qui avait pour objectif de faire, sans langue de bois, un point sur le marché et les usages des applications pour enfants. Julien Villedieu, Marie-Christine Crolard, Jean-Michel Perron, Violaine Kanmacher, responsable de la section Jeunesse de la bibliothèque de la Part Dieu et Magali Rofidal, chef de projet Talents et Compétence d’Imaginove, ont apporté leurs éclairages sur le marché particulier des applications Jeunesse.
Nous avons abordé la difficulté vécue par les éditeurs à vendre leurs produits ludiques ou culturels; la complexité à lever des fonds en France ou à avoir accès à des coups de pouce ou subventions. Le potentiel d’évolution du marché, dans les foyers, à l’école et dans les espaces publics des médiathèques, a également été commenté.
Les éditeurs ont pleinement participé à cet échange, comme Pierre Abel, de L’escapadou qui est venu expliquer son expérience de 4 ans sur le marché américain et Frédéric Martin de We Want To Know qui a relaté sa success story sur les marchés nordiques. La conclusion est dans le paradoxe : un marché hyper créatif mais n’ayant pas trouvé son modèle et une attente déclarée des familles de produits éducatifs, attente qui ne se concrétise pas par des achats.
And the winners…
A 16h, le grand moment est arrivé et des heureux se sont vu remettre leurs diplômes et les félicitations du jury et des organisateurs.
The winners are…
– Catégorie Fiction : SOS Dino, de Audois et Alleuil
– Catégorie Jeu : Petites choses, de C’est magnifique
– Catégorie Ludo-éducatif moins de 8 ans : Lillule et les allergies, de Chikitoons
– Catégorie Ludo-éducatif plus de 8 ans : DragonBox Elements, de We Want To Know
– Grand prix du jury : Potatoyz, d’Atomic Soom
– Prix étudiant : Dreamy, projet présenté par une équipe de Gobelins, l’école de l’image.
En plus du jury de pros, un second jury a délibéré sur une série de huit applications pré-sélectionnées parmi les 33 candidatures par l’équipe Jeunesse de la bibliothèque de la Part Dieu. Ce second jury, composé d’enfants, a élu son application préférée. Et c’est Kilubu : potions magiques, de Kiupe qui a le plus convaincu les enfants.
Vous trouverez ici, sur le YouTube de la Souris, un film résumant leurs réactions.
Enfin, le grand gagnant du public – avec 15 balles à son actif – a été DragonBox Elements. « C’est la première fois que DragonBox gagne quelque chose en France » a souri Frédéric Martin, doté désormais de deux prix WDAJ.
Tout ceci n’est qu’un début ! les énergies croisées des partenaires, jurés, auditeurs et candidats devraient conduire à une seconde édition encore plus pétillante, créative et dynamique.
Préparez-vous à swinguer, wouap, wouap, wouap doo apps !