Pedlar Lady : quel gâchis ! La traduction française est complétement ratée.

pedlar lady 3C’est terrible car j’aurais bien aimé vous recommander chaudement cette appli ! Elle vient tout juste de sortir et c’est un petit bijou d’animation. Il s’agit d’un conte, intitulé en anglais « The pedlar Lady of Gushing cross ».
Il s’inspire d’une histoire ancienne que l’on attribue à un poète persan du 13ème siècle, Jalal al-Din Rumi. Vous en connaissez déjà sûrement l’histoire, déclinée de multiples manières : là c’est une vieille marchande ambulante qui va trouver la fortune en croyant à la réalité de ses rêves. 

La mise en forme version iPad est visuellement superbe, c’est presque mieux qu’un court métrage de qualité. D’ailleurs, c’est juste à savourer. Le texte s’affiche à chaque page avec un très bel effet d’éparpillement des lettres. On est parfois suspendu au dessus de la scène, parfois les personnages flottent au milieu de l’écran, ailleurs ils traversent lentement le champ de vision. Et la musique et les bruitages sont parfaits. En un mot : c’est magnifique par rapport à la qualité des petits livres qu’on trouve de nos jours ! Cerise sur le gâteau :  d’après l’éditeur les effets sont aléatoires et chaque visionnage de l’histoire est différent. 

Hélas, il y a un problème, un énorme problème ! La version française est très mal traduite. Et ça gâche tout ! Sauf si vos enfants parlent l’anglais – je ne saurais pas évaluer la qualité de la traduction espagnole – en français c’est tout simplement impossible.pedlar lady 2

Déjà, ça commence très très mal : The « pedlar lady » est traduit par « la camelot » : le nom camelot existe bien au féminin apparemment. Mais je ne l’avais jamais entendu et j’ai trouvé que ça sonnait bizarrement. Ce premier étonnement a été suivi de nombreux autres. Car dès la première phrase, c’est à pleurer : « Il y avait autrefois une camelot, d’un âge bien avancé et qui revêtait les affres inhérents à la vieillesse – des doigts noueux, un dos gibbeux et un cœur bien usé. » Et ça continue avec même des fautes graves comme « Elle vut » . Parfois, cela en devient incompréhensible : « Elle emplissait ses poches amples et profondément amochées avec des poignées rutilantes de possibilité… » 

C’est un joli gâchis, évident en plus : la traduction est la clé de réussite d’un bouquin sur un marché étranger, non ?

Si j’avais su, malgré le superbe scénario et graphisme, je n’aurais jamais déboursé 4 euros. D’ailleurs, je vais montrer cette histoire à mon fils mais je lirais le texte moi même en le rendant compréhensible – on peut s’enregistrer à chaque page.

Je profite de ce billet pour lancer un appel aux éditeurs étrangers et à Moving Tales en particulier, qui doit sortir toute une série de contes anciens du même type :  révisez tout de suite vos traductions ! C’est d’ailleurs suicidaire commercialement d’approcher des lecteurs étrangers avec ce type de version. En plus le vocabulaire employé est très riche et poétique et il est tout simplement impossible de bâcler l’étape de la traduction.

Pedlar Lady 1

Pedlar Lady

  • Télécharger l’application
  • Editeur : Moving Tales
  •  Prix : 4,49 €
  • Taille : 233 Mo
  •  Support : iPhone, compatible Ipad
  •  Langues : anglais, espagnol et français traduit en copié collé ;-)