Résumé pour les pressés :
Il y a des jours tristes et terribles. Où il faut s’asseoir face à ses enfants et leur expliquer ce que les mots Terrorisme, Attentat, Assassins, veulent dire. Oui, il faut absolument le faire, leur expliquer l’odieux attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, cet acte qui nous révulse, nous bouleverse, nous montre à quel point la liberté d’expression doit toujours être protégée et défendue.
Dans les cours de récré et avec les enseignants, le sujet sera abordé bien sûr.
Si vous êtes enseignants, vous trouverez d’ailleurs ici une fiche pédagogique rassemblant des conseils pour traiter le sujet avec vos élèves. Voici aussi le lien de l’avis d’une enseignante, Marie, qui remet les pendules à l’heure.
Pour tous, Parents 3.0 liste dans un billet les principaux articles qui vont aider parents et enfants à parler de cette actualité douloureuse.
14/01/15 : Serge Tisseron, interviewé dans l’émission des Maternelles, donne son avis sur la question. Vous pouvez consulter cette vidéo sur YouTube, par ici.
15/01/15 : merci d’avance à chacun de faire preuve dans vos commentaires éventuels de respect et d’écoute de l’autre : ces valeurs que tous les parent du monde veulent transmettre à leurs enfants. 
22/01/15 : France Télévisions explique en vidéo dans son émission « 1 jour, 1 question », la liberté d’expression. A retrouver ici sur Daily Motion.
 
 

En parler aux enfants ?

Oui, il faut parler aux enfants de l’odieux attentat dans les locaux de Charlie Hebdo. Et ce même aux très jeunes enfants. Car si ce n’est pas vous qui en parlez, d’autres s’en chargeront et pas forcément de la meilleure manière. Nos enfants sont CharlieSans s’en rendre compte, des adultes peuvent aborder le sujet avec les enfants en utilisant des mots inadaptés, en détaillant des informations qui les ont eux même terrorisées.
Et bien sûr ça va parler dans la cour de récré… Des enfants peuvent par exemple avoir vu des images traumatisantes à la télévision ou bien encore avoir entendu des adultes utiliser des termes qu’ils répéteront sans en maîtriser le sens.
Et même si vous pensez que votre enfant a été protégé de cette information, il va ressentir l’émotion énorme, la tristesse qui s’exprime partout et la peur parfois. Il va aussi remarquer les affiches « Je suis Charlie » dans les transports, sur les casques des motards, sur les fenêtres des entreprises. Un enfant, même trés jeune, a besoin qu’on lui explique cette émotion.

 

Expliquer aux plus jeunes

Avec les plus jeunes, abordez le sujet mais sans excès. Et ne vous inquiétez pas de votre propre émotion : c’est normal qu’elle s’exprime devant une telle situation. Choisissez cependant un moment approprié, calme, pour aborder le sujet.

Un hommage par Stéphanie Blakke
Un hommage par Stéphanie Blakke

Pour démarrer, dites simplement : « Il s’est passé quelque chose de grave dans notre pays / en France« . « Un journal qui s’appelle Charlie Hebdo a été attaqué« . Et laissez ensuite les questions arriver.
Si l’enfant est très jeune, dites lui en peu : « Je t’en parle parce que c’est important tu sais de pouvoir parler librement. Et là, les méchants ont attaqué des journalistes juste pour les empêcher d’écrire et de dire ce qu’ils pensent. »
Si votre enfant réagit et qu’il pose des questions complémentaires, répondez-y, sans tourner autour du pot mais en utilisant bien sûr des termes adaptés. Profitez-en pour savoir si votre petiot a entendu des informations autour de lui : « Vous en avez parlé à l’école ? ll y a des copains qui en discute ? » Cela vous permettra de réajuster les choses au besoin.
Enfin, rassurez votre enfant : « C’est terrible ce qui s’est passé. Mais tout le monde réagit pour que cela ne se reproduise plus. Les policiers cherchent les méchants. Et tous les autres journaux vont aider Charlie Hebdo à continuer d’exister ».

 

Discuter avec les plus grands

Si votre enfant a plus de 7 ans, et toujours en fonction de ses questions, vous pouvez expliquer la situation plus en détail.
Tout d’abord, vous pouvez lui préciser le nombre de morts et citer les noms des victimes qu’il entendra sûrement par ailleurs :  les dessinateurs du journal, Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski et les autres victimes, Frédéric Boisseau, agent d’entretien, Franck Brinsolaro, policier affecté à la protection de Charb, Elsa Cayat, psychanalyste et chroniqueuse, Bernard Maris, économiste,  Mustapha Ourrad, correcteur, Ahmed Merabet, policier et Michel Renaud, fondateur du Rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand. 

Un hommage par Rob Tornoe
Un hommage par Rob Tornoe

Expliquez ensuite plus complètement les circonstances. « Le journal a été attaqué parce que ses journalistes, des dessinateurs, réalisaient des caricatures. Ils se moquaient avec leurs dessins de tout et même des religions, de toutes les religions. Ils pensaient qu’on devait pouvoir rire de tout. Qu’en penses-tu toi ? » Laissez l’enfant s’exprimer et réagir au fur et à mesure.

« Un jour, ce journal a publié des dessins ce moquant du prophète de la religion musulmane. Il avait  aussi publié des tas de dessins satiriques de toutes les autres religions.  » Parlez un peu des religions, de la votre si vous en avez une et de toutes les autres et de leurs points communs : l’amour des autres, le respect et la tolérance. Puis dites lui comment des extrémistes se sont servis du prétexte de la religion pour attaquer le journal et abattre des journalistes.

Si votre enfant est mûr pour l’entendre – c’est à dire assez grand et/où sans qu’il n’y ait de risque à ce qu’il s’en inquiète avec excès –  vous pouvez donner quelques détails sur le scénario de l’attentat, expliquer où en est l’enquête et la suivre avec lui sur le Web et les réseaux sociaux.

Enfin, prenez du temps avec votre enfant pour expliquer l’élan massif d’indignations et la vague de fraternité nationale et mondiale qui en résulte. Ce sera l’occasion de lui expliquer à quoi sert la presse, quel est le travail d’un journaliste, d’un média. D’expliquer ce qu’est la liberté d’expression et pourquoi il faut toujours la préserver.

Etre dans l’action ?

Pour se relever d’un traumatisme, il faut aussi pouvoir soi même agir. Nous, les adultes, nous disposons de plusieurs manières d’agir.  Nous pouvons afficher des Je suis Charlie, faire des dons au journal si nous le souhaitons, se manifester en l’écrivant ou en en parlant avec notre entourage, nous rendre aux rassemblements d’hommage, débattre.

Set of drawing multi colour pencils with copy spacePour les enfants, voici deux pistes d’action : tout d’abord dessiner. Il s’agit d’un excellent moyen d’expression et doublement au vu de l’événement.
Ensuite, pour les plus grands, vous pouvez leur proposer de vous accompagner aux rassemblements. Si vous craignez les mouvements de foule, vous pouvez très bien rester aux abords de ces rassemblements et ne pas rester forcément pendant toute sa durée.

Comment parler des religions

Et quelle que soit votre croyance ou conviction personnelle, il est sûrement temps d’échanger avec vos enfants à propos des religions. Pour en comprendre la diversité. Pour réaffirmer les valeurs partagées par toutes les religions du monde. Pour que vos enfants comprennent le monde qui les entoure.

Roger-Pol DroitRoger-Pol Droit a écrit en 2000 un ouvrage sur la question, « Les religions expliquées à ma fille », édité au Seuil.  Comme l’auteur l’indique en avant-propos : « Il est indispensable d’avoir, sur toutes ces questions, des points de repère. Pour la « culture générale », et la compréhension des œuvres d’art. Pour la vie quotidienne dans le monde actuel. Dans tous les pays, à présent, voisinent des gens de croyances différentes, qui doivent apprendre à se connaître.
Ce n’est pas tout. Les religions sont un élément essentiel de l’expérience humaine. Si nous n’en parlons pas à nos enfants, des trésors d’humanité risquent de leur échapper totalement. J’ai donc voulu essayer. J’ai tenté de parler avec ma fille, le plus simplement possible, de ce que croient des centaines de millions d’êtres humains, des espérances qui les animent et des sentiments qui les habitent.  »
Les principales religions du monde sont abordées – le judaïsme, le christianisme, l’islam, l’hindouisme et le bouddhisme. Présenté sous forme de dialogue entre le père et la fille, ce livre destiné aux adolescents est également très instructif pour les parents. Vous pouvez le trouver, pour sa version numérique, à 4,99€ sur le Google Play Livres, sur l’App-shop Amazon pour la version Kindle et sur iBooks pour la version Apple.

Des dessins pour comprendre et réfléchir

 

En complément ou comme support, vous pouvez vous appuyez sur les nombreuses réactions dessinées qui paraissent depuis  hier issues de dessinateurs du monde entier. Des hommages superbes. Ces six dessins là sont adaptés aux enfants :

Par Zep

Cabus, Wolinski, Tignous et Charb arrivent au Paradis.

Zep #JesuisCharlie

 

Par Stéphanie Blakke

C’est qui Charlie ?

StephanieBlakke#JesuisCharlie

 

Par Uderzo

Hommage et respect.

Uderzo #JesuisCharlie

 

Par l’américain Rob Tornoe

Les plumes sont plus fortes que les armes.

RobTornoe#JesuisCharlie

 

Par James

Le terrorisme terrorisé par le crayon.

James van Ottoprod #JeSuisCharlie

Par Boz

La liberté survivra et le crayon se relèvera toujours.

#JesuisCharlie

15 réponses

  1. Je ne considère pas que mon fils soit Charlie.
    Et je ne le suis pas non plus.
    Je trouve ça très irrespectueux de rassembler tout le monde sous ce même slogan alors qu’on a tous une façon bien personnelle de voir les choses.
    Ce mouvement m’agace profondément.

    1. « Je suis Charlie » ça veut juste dire « je revendique mon droit à la liberté d’expression »… chacun revendique ce qu’il souhaite pour lui et pour ses enfants. Si ce mouvement t’agace désintéresse t’en simplement.

      1. Virginie, oui, mais ma conception de la liberté d’expression n’est pas forcément la même que celle de tout le monde.
        Je désapprouvais fortement ce que faisait ce journal, par conséquent je ne vois pas pourquoi je m’identifierais à Charlie.
        Ceci étant, il est bien entendu que personne ne méritait de mourir pour si peu. Là je vous rejoins.
        S’en désintéresser… C’est compliqué, on ne peut plus se connecter à Facebook ou allumer sa télé sans en entendre parler -_-
        Liloutte, non, je ne suis pas Charlie. Je suis moi. Je n’ai pas besoin de ce mouvement de masse, je suis encore capable de réfléchir par moi-même…

    2. Vous avez tout à fait le droit de manifester différemment. Chacun est libre de brandir son propre slogan pour la liberté, le refus de la barbarie et le respect de chacun.

    3. Où est l’irrespect??? Chacun choisit ou non de suivre le mouvement, sans y être forcé. Il est déplorable que dans des situations comme celle-là, vous trouviez nécessaire de mettre en avant votre droit à l’individualisme.

      Le choix de votre pseudonyme est bien révélateur de votre incapacité à rejoindre le mouvement de solidarité déclenché par ces atrocités, et quel que soit votre point de vue sur la liberté d’expression (qui est certainement très intéressant, j’aimerais bien en savoir davantage), cela est bien dommage que vous ne puissiez saisir l’opportunité de faire partie de ce grand rassemblement fraternel et républicain où tout le monde est invité et que vous préfériez rester dans votre coin pour jouer au schtroumpf grognon (« moi j’aime pas les mouvements républicain »)

    4. Cher profondément agacé. Ce slogan est juste un moyen de montrer son soutien, un soutien à la liberté d’expression. Nous vivons dans un pays, une nation et il se trouve que tout le monde (ou presque) a décidé de condamner la violence en utilisant des drapeaux et ce slogan qui rend hommage a des journalistes, flics et badauds assassinés lâchement. Je suis Charlie c’est juste dire: je n’ai pas peur, je n’oublierai pas, je suis triste et en colère, je dirai mon opinion. C’est tout. Le seul non respect est celui des extrémismes d’où qu’ils viennent. Portiez vous un badge je ne suis pas Charlie alors?

  2. « et là les méchants ont attaqué les journalistes » y’a pas moyen de nuancer un peu??? les méchants / les gentils… si les adultes transmettent dès le plus jeune age aux enfants une vision aussi binaire de la société, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils aient du discernement plus tard… Attenton je ne mets pas en doute vos bonne intentions et je ne défends evidemment pas les djiadistes mais remplacer par le terme « méchants » par un terme moins cucu me semble plus approprié.

    1. je suis tout à fait d’accord pour trouver un autre nom pour « méchant »…c’est mon avis, mais je n’ai jamais aimé ce mot (enfin, surtout depuis que je travaille dans la petite enfance)….en tant qu’adulte, on sait utiliser ce mot à « bon escient » mais quand on entend les enfants qui emploie ce mot à tout va pour parler de leurs camarades de classe, il faudrait faire la différence entre un enfant « méchant » parce qu’il a embêté un autre et un terroriste « méchant ».

  3. Bonjour a tous,
    c’est la premiere fois que j’interviens sur un « forum » via internet, je ne frequente donc absolument pas les reseaux sociaux.
    Je tombe sur les quelques messages des 09 et 10/01/2015 par hasard et n’imagine pas un instant, lors d une soiree, des inconnus se parler sur ce ton lors d’un simple echange d’opinions… ne nous etonnons pas du climat actuel, qui s’est insidieusement installe depuis 10-15 ans…
    La liberte de la parole ( parlee, ecrite, dessinee, chantee ou encore filmee) est le marqueur d’une societe en bonne sante;
    elle est bien trop precieuse pour qu’on ne la protege pas de toutes ses forces, a chaque instant et quel que soit le lieu ou l’on a la chance de pouvoir prendre la parole ou encore quand elle est nous ai donnee.bf

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